Tout
droits sortis d’un sommeil que l’on croyait éternel, par
la grâce d’un label brésilien (CRI DU CHAT), OPERA MULTI
STEEL a resurgi, tout d’abord sous la forme d’une compilation « DAYS
OF CREATION », puis plus récemment par le biais d’un
nouvel album « HISTOIRES DE FRANCE » (cf : chronique
dans TRINITY n°2). L’entretien qui suit, nous donne l’occasion
de plonger entre arcanes et turbulescences d’un Patrick L. Robin et d’un
Franck Lopez déterminés à nous guider (et à nous
perdre ?) dans les sentes du pays d’OPERA MULTI STEEL. Bienvenu en
Pays de Masssabielle, du Messager monotone, d’Armide, de Grégoire,
de Paulette l’Annabelle, de Jezabel et de J. L’Aveugle !

 

TRINITY :
Tout d’abord, actuellement, qui compose le groupe ?

Franck
: Le groupe se compose actuellement de Catherine Marie (Claviers, voix), Eric
Milhiet (Basse, claviers), Franck Lopez (Claviers, guitares, flutes, chant…)
et Patrick L. Robin (Lead vocals, claviers…). Ces quatre personnes constituent
le noyau créatif du groupe. Patrick écrit la grande majorité
des textes. Les musiques sont élaborées collectivement à
partir d’idées de base émanant des uns ou des autres. On part
parfois d’une simple ligne de basse, d’une séquence de boite à
rythme ou encore d’une ébauche de mélodie qui trotte dans la tête
de l’un d’entre nous . Ensuite, on essaie de mettre au point une forme qui satisfasse
la majorité d’entre nous, chacun amenant sa pierre à l’édifice,
ses propositions d’arrangements…Lors de nos récents concerts au Brésil,
Carine Grieg, de COLLECTION D’ARNELL ANDREA nous a prêté
main forte aux claviers, permettant ainsi à Patrick, sur scène,
de se concentrer quasi exclusivement sur le chant et d’être ainsi plus
libre de ses mouvements et beaucoup moins statique.

TRINITY
: Quel sentiment avez-vous vis à vis de votre succès au Brésil
par rapport à votre relatif anonymat en France et en Europe?

Franck
: Si l’on compare les années d’efforts déployés dans la
période pré-brésilienne du groupe et le relatif manque
de résultat que cela nous avait apporté au niveau de la reconnaissance
dans nos contrées, on ne peut nier que cela nous ait laissé dans
un état d’abattement suffisamment grand pour nous conduire à décider
d’interrompre définitivement en 1992 les activités d’OMS. « STELLA
OBSCURA » devait être notre dernier album. Le sort en décida
heureusement autrement. Ceci étant dit, après huit années
d’existence et quatre albums réalisés en autoproduction, nous
étions arrivés à une sorte de réalisme voire même
de fatalisme qui nous conduisait à penser que rien ne pourrait plus faire
progresser les choses si nous ne trouvions pas un relais sous forme de label
pour subvenir à tout ce que nous ne pourrions jamais fournir par nous-mêmes.
De plus, nous étions très conscients que le manque de formatage
de la musique d’OMS ne nous facilitait pas les choses. La trop grande obédience
à un genre précis conduit à une concurrence effrénée
entre groupes alors que l’absence d’étiquette conduit souvent à
la marginalisation. Ces deux assertions sont malheureusement des constantes
incontournables lorsque l’on évolue dans le milieu musical . Elles doivent
très certainement se vérifier dans d’autres domaines. Le fait
que l’intérêt d’un label brésilien se soit manifesté
peu de temps après notre cessation d’activité ( la compilation
« DAYS OF CREATION » étant sortie en 1995), ne nous
a laissé finalement que peu de temps loin de la musique. Nous nous sommes
réunis de nouveau en 1996 pour la préparation de l’album «
Histoires de France ». Mais les choses se sont passées si simplement
et si facilement que tout cela était assez inespéré pour
nous.

Découvrir
que l’on possède un public de fans à des milliers de kilomètres
de chez soi sans avoir eu à lever le petit doigt tient de la grâce.
En fait, certains de nos disques circulaient déjà là-bas
depuis quelques années, ramenés d’Europe par des DJ’s de
boîtes gothiques de Sao Paulo, principalement «  CATHEDRALE
» et «  STELLA OBSCURA ». C’est le fait que nos disques
soient si difficiles à se procurer au Brésil qui a motivé
l’intérêt d’un label Paulien pour OMS. Les choses se sont ensuite
enchaînées de façon logique jusqu’aux concerts donnés
en Octobre 1997 au cours desquels nous avons pu jouer devant un public pour
qui les paroles d’ Un Froid Seul, de Cathédrale,
des Martyrs… n’avaient aucun secret.

TRINITY:
Vous avez été des activistes de la scène « cold-wave
» française dans les années quatre-vingts, à travers
les activités de l’association ORCADIA MACHINA ; qu’en est-il aujourd’hui
de cette structure ?

Franck
: Aux tous débuts d’OPERA MULTI STEEL nous avions créé
cette association pour donner plus de crédibilité au groupe au
niveau strictement local ; bénéficier de subventions et de
structures est très important lorsque l’on débute. Elle a donc
tout d’abord profité à OPERA MULTI STEEL sous la forme d’un label
associatif Avec le temps, nos activités ont évolué vers
l’organisation d’expositions puis la réalisation de compilations K7 internationales
qui nous ont permis de mettre en relation et de divulguer un grand nombre de
groupes français et européens, Ces compilations n’étaient
pas exclusivement réservées aux formations « cold-wave »
mais accueillaient également des groupes aux horizons musicaux divers
: pop, folk, rock… car nous n’avons jamais pu nous limiter à un éventail
trop restreint. Nos goûts n’étant pas monolithiques, il était
normal que ces compilations soient le reflet de notre éclectisme. L’association
a été dissoute en 1992 en même temps que le split provisoire
du groupe. Même si le nom ORCADIA MACHINA apparaît encore au détour
des livrets de certains de nos disques réalisés à l’époque
et réédités récemment en cd (« CATHEDRALE »,
« LES DOULEURS DE L’ENNUI »…) , il ne correspond
à aucune activité actuelle.

TRINITY
: Musicalement, quels sont les groupes ou musiciens que vous écoutez
; ceux qui ont changé votre vie ou votre imaginaire ?

OMS
: Plutôt qu’une liste d’artistes ou de groupes voici une liste d’albums
qui ont compté pour certains d’entre nous, ensemble et séparément.
Ce patchwork de musiques est certainement le creuset de nos influences et permettra
peut-être de cerner l’univers OMS mieux que ne pourrait le faire une tentative
de définition précise toujours hasardeuse.

ORCHESTRAL
MANOEUVRES IN THE DARK « Dazzle Ships », ULTRAVOX « Rage
in Eden », LEGENDARY PINK DOTS « The Crushed Velvet Apocalypse »,
GENESIS « The Lamb lies down on Broadway », YES « Going
for the One », BOWIE « Earthling », COLLECTION D’ARNELL-ANDREA
« Un Automne à Loroy », THE NITS « Henk »
et « Omsk », THE BEATLES « Album Blanc », MALICORNE
« Les Cathédrales de l’Industrie », MIKE OLDFIELD « Ommadawn
», RADIOHEAD « Ok Computer », RESISTANCE « 100
lives », FOREIGN AFFAIR « East on fire », COCTEAU TWINS « Treasure
», DEAD CAN DANCE « Within the realm of a dying Sun », THE
MOODY BLUES « Days of Future Passed », ANTHONY PHILLIPS « Wise
after the Event », SIOUXSIE AND THE BANSHEES « Superstition
», THE SISTERS OF MERCY « Floodland », BRIAN ENO &
DAVID BYRNE « My life in the bush of Ghosts », TALKING HEADS
« Remain in light », THE CURE « Pornography »,
la discographie complète de JEAN-SEBASTIEN BACH, ANTONIO VIVALDI, GEORG
FRIEDRICH HAENDEL, etc, etc, etc, etc, etc, etc, etc, etc…

Pour
la partie purement textuelle d’OMS, on peut citer des artistes comme Gérard
MANSET dont les paroles, bien plus que la musique ont toujours su nous émouvoir
pour leur pertinence visionnaire et réaliste ou comme BASHUNG qui sait
allier à la perfection (avec l’aide de ses co-paroliers ) la dérision
au sérieux le plus sombre avec une étonnante désinvolture
de ton sans jamais tomber dans l’évidence plate de la forme.

TRINITY
: Partagez-vous tous un intérêt pour l’histoire et le Moyen
Age en particulier ou n’est-ce qu’une influence pour celui qui écrit
les textes ?

Patrick
: L’intérêt porté pour 1’~stoire et le Moyen Age est partagé
par tous les membres et Anges satellites d’OMS. Les combats en armure, l’influence
ambiguë de l’Eglise, les châteaux-forts et toutes les idées
reçues qui vont avec un imaginaire plus ou moins inculqué par
un inconscient collectif débridé par des siècles d’obscurantisme
nous ont toujours fasciné au plus haut point. Ces citations, par exemple
ces mantras hérités des liturgies médiévales: « Saint
Michel Archange de votre lumière, protégez-vous, de vos ailes
aérez-vous, de votre épée défendez-nous, malin puissant.
»
ou encore « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir,
mais dis seulement une parole et je serai guéri »
ont de quoi
caresser les oreilles. Pourtant méfiance, écartons le fond pour
n’épurer que la forme… Je pense que par le biais de notre image et
de notre ressemblance non conforme à la période médiévale
nous nous présentons tels quels, grâce à la miséricorde
des montreurs d’ours, des cracheurs de feu, de l’image originelle et non pervertie
d’une Joan ofArc en armure plus amoureuse que vengeresse.

TRINITY :
Parfois la fantaisie, l’humour insaisissable de vos textes et les arrangements
musicaux sont aux confins d’une décadence années 80′, proche d’un
CHARLES DE GOAL fricotant avec le chapelier fou d’Alice. Etes-vous conscients
que des titres comme « Ecran Couleur » rebutent quatre-vingts dix
pour cent des gens, qui par intégrisme ou étroitesse d’esprit
ne veulent entendre que ce qu’ils considèrent comme appartenant au «
Genre » ?

Franck
: Il est vrai que notre musique peut dérouter. A vrai dire notre éclectisme
nous déroute un peu nous-mêmes. Alors que certains de nos corréligionnaires
se posent des tonnes de questions avant toute création pour savoir si
ce qu’il créent ne ressemble ni trop à ci ni trop à ça,
si cela ne sonne pas trop comme ci ou pas assez comme ça , nous avons
évacué presque quasiment ce genre de problème car nous
faisons passer en premier lieu notre plaisir personnel et une relative notion
de spontanéité élémentaire. De plus, qui a dit que
nous étions formatés pour nous inscrire dans un quelconque mouvement?
Nous étions plus inspirés à nos débuts par la pop
électronique de groupes comme ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK ou ULTRAVOX
que par les SISTERS OF MERCY que nous avons d’ailleurs aussi pas mal écoutés
en leur temps. Ce n’est que par le hasard des événements et la
grâce de certains de nos titres que nous avons frôlé la frontière
ténue qui sépare la Gothic Music du reste du monde musical. Nous
avons un pied dans le batcave, l’ autre dans la Pop et le reste dans le Médiéval
Fantastique. Ce n’est guère confortable quand on connaît l’importance
des querelles de chapelles. Nos disques ne sont pas le reflet d’un choix unique
et partisan. Ils sont l’image de nos goûts et de nos choix. Les seules
choses que nous pouvons parfois calculer sont nos options d’arrangements, de
sons, encore que nous soyons restés fidèles à nos vieux
instruments qui sont quelque part notre marque de fabrique. Ecran Couleur
est certes une chanson « sucrée » et malheureusement
(?) positive. On pourrait en citer d’autres qui ont trouvé place sur
certains de nos albums …Elle fait pourtant partie de l’Univers OMS au même
titre qu’Armide, Tes Lèvres, un Abat-son, Nihil Novi
sub sole
qui peuvent plus facilement émouvoir des adeptes du genre
dark ou Heavenly Voices. Nos albums sont à prendre comme des patchworks
d’ambiances et d’impressions. Nos arrangements sont là pour faire le
lien entre les écarts de style que l’on pourrait nous reprocher. Nous
n’aimons pas les intégrismes. Nos discothèques sont plurielles
et nos humeurs changeantes. Ce serait donner une fausse image de nous-mêmes
que de nous autocensurer au nom d’un Dogme, même musical..

Patrick
: Nous sommes un peu fous, voire possédés, alors comme cadeau
promotionnel nous nous récitons notre exorcisme en tant que possesseurs
des influences de notre révérend référent chapelier
fou qui ne nous a pas encore prêté son galurin percé pour
les oreilles, dressées enfin hors de la feutrine pour entendre notre
mea culpa exorcisiatoire : Accrochez-vous . Humidifiez-vous ! Prenez un bain
baptême, repoussez les attaques et les ruses des ennemis dispersés,
fuyant et haïssant . La cire fond devant le Feu.

TRINITY
: Allez-vous retravailler sur des titres de la veine d’Armide ou de Tes Lèvres,
un abat-son ? En un sens, ce sont ces morceaux qui permettent de familiariser
les auditeurs à votre musique .

Franck
: Nous savons parfaitement que pour flatter tel ou tel public, il suffirait
de créer en précisant à l’avance quels critères
nous allons exploiter. Malheureusement, cela nous est impossible. Armide
ou Tes lèvres, un abat-son sont des accidents, de même que
toutes nos chansons. J’entends par accident qu’ils sont la représentation
sous forme de chanson d’un moment particulier qui a fait qu’à cet instant
tel ou tel d’entre nous instrument avait décidé d’utiliser tel
texte, d’essayer de trouver telle mélodie, de chercher telle ou telle
partie sur 1′.qui lui tombait sous la main ou qui l’inspirait plus particulièrement.
Nous ne sommes pas des virtuoses mais plusieurs d’entre nous touchent à
différents instruments et en jouent donc de manière très
différente, ce qui, à chaque fois change l’approche. Nous sommes
également plusieurs dans le groupe à chanter, ce qui modifie bien
évidemment la couleur d’un titre à l’autre, Et puis, heureusement,
ou malheureusement pour certains, nous adorons les mélanges que nous
faisons d’ailleurs toujours de manière non calculée. Tout se met
en place par le simple fait de nos divergences et convergences de goûts
musicaux et les apports de chacun au travail collectif, mis à part les
textes qui sont le fruit du travail très personnel de Patrick et sur
lesquels nous n’intervenons que fort peu. Nous ne pourrons donc jamais dire
que nous avons réussi à familiariser un public avec notre musique
puisque nos chansons, de par la diversité qu’on leur reproche parfois
ne peuvent qu’aller dans des directions non pas franchement opposées
mais réellement diverses. Nous sommes pourtant très conscients
du handicap que cela nous cause mais ce n’est plus maintenant qu’il est temps
de faire amende honorable.

TRINITY
: Votre musique est l’une des moins figées, elle est parcourue de lumières,
de courants , de vents. Ni ostensiblement noire, ni démesurément
colorée, on y ressent une atmosphère qui n’est pas sans rappeler
les oeuvres premières du surréalisme littéraire; telle
la folie implacable et déchirante de René CREVEL dans «
Etes-vous fou ? ».

Franck
: S’il est bien une chose que notre musique partage avec le Surréalisme
c’est sans doute l’idée du collage d’éléments n’ayant à
priori rien à faire ensemble et qui une fois superposés arrivent
à donner un résultat probant, à l’image des collages de
Max ERNST ou de Jacques PREVERT. La confrontation d’idées, de sons, de
styles débouche sur des détournements qui peuvent renforcer un
côté dramatique, apporter de la dérision, et sortir du premier
degré. Au niveau des textes, dont beaucoup ont été réalisés
par Patrick sous la forme d’une écriture automatique remaniée
par la suite pour cadrer avec les musiques, il nous est arrivé d’utiliser
pour une même chanson des paroles en provenance de plusieurs textes écrits
à l’origine tout à fait séparément. Le fait de chercher
avant tout le mot qui colle conduit à cette impression de folie qui n’est
pas que littéraire car l’autobiographie n’est jamais bien loin. Le Surréalisme
est une forme aux contours plus ou moins définis, il n’empêche
que cette forme fut l’une des premières à insuffler une telle
liberté de ton et de libérer également le lecteur et l’auteur
de la toute puissance du Sens pour déboucher sur le rêve, et l’interprétation
personnelle du signifiant de chaque mot. Couleur, noirceur, lumière,
folie, sagesse, conformisme et non-conformisme, humour et drame, tout cela cohabite
en chaque homme. Le Surréel permet simplement de les faire se côtoyer
au grand jour alors que l’on cherche le plus souvent à ne vouloir montrer
qu’une facette de soi-même.

Patrick
: Oui, je suis fou, je mens aux autres qui me mentent, mais conscient de cette
étiquette, je continue d’avancer Multi sûrement.

«
Et sit splendor

Super
nos et Opera manuum nostrarum

Super
nos et opus manuum nostrarum. »

Vive
les rituels !

En
fait , je lis peu, en diagonale, moyen express à l’image des temps modernes,
actuels, présents et futurs. Le New Age me permet de respirer et de sentir
l’Esprit sans aucune méfiance ni discernement. Un grand vent, des langues
de Feu, baptême d’eaux, de feux, de sangs, de pierres…

L’Eglise
qui monte et qui descend

L’Eglise
qui cote et qui pente

L’Eglise
qui mise et qui compte

L’Eglise
qui pente et qui côte

 

TRINITY :
En dehors de la réédition des « DOULEURS DE L’ENNUI
», quels sont vos projets ?

Franck :
Nous travaillons actuellement sur un projet de nouvel album (« ETERNELLE
TOURMENTE ») qui devrait comporter une quinzaine de nouvelles chansons.
Certaines sont des compositions récentes. D’autres sont d’anciennes démos
que nous allons actualiser. Nous avons d’énormes réserves de chansons
sur des bandes qui avaient été mises de côté lors
de la réalisation de nos précédents disques. Notre potentiel
créatif a toujours dépassé nos capacités d’exploitation
discographiques. A chaque album que nous avons enregistré, il a toujours
fallu faire des choix douloureux et nombre de titres que nous trouvions pourtant
tout à fait dignes de figurer sur un album ont dû être mis
de côté. Ce sera l’occasion de réparer quelques inévitables
injustices. La date de parution de cet album est encore imprécise. Pas
avant l’année prochaine en tout cas et si tout se passe bien encore sur
un label brésilien. L’an prochain devrait également voir la réédition
du dernier album d’OMS à n’avoir pas encore été réalisé
en cd : « A CONTRESENS ». Mais avant cela il nous faudra remixer
certains titres de façon homéopathique et leur apporter quelques
modifications de détail. Avec le recul, le mixage initiaL de cet album,
en tout cas de certaines chansons, a souffert de quelques péchés
de rapidité et d’auto-indulgence que nous sommes peut-être les
seuls à entendre mais qui nécessitent que nous nous y attardions
avant de le graver définitivement.

TRINITY
: Est-ce que le paysage, la nature sont une source d’inspiration ? La ville
est absente la plupart du temps, à travers vos jeux d’esprit, on ressent
une inadéquation entre vous et votre époque.

Patrick
: La ville est là, pour sûr, mais les sentiers et la Forêt,
les champs à perte de vue nous inspirent. Maintenant que j’ai tout vu
ou presque, devenir aveugle ne me ferait pas défaut car j’en appellerais,
comme unique recours à la motion de l’esprit OMS en marche. On me l’enverrait
et je grandirais dans les vertus théologales, morales, infuses et intègres.
Cette Nature et cette Ville sauvages , sans scrupules et organisées me
feraient et nous font déjà don d’un exemple à fuir ou accepter
en se l’appropriant sans aucune arrière-pensée.

TRINITY :
Qui est le mystérieux auteur de Moi, Je m’ennuie ?

Franck
: Camille François est un auteur de chansons réalistes qui a énormément
écrit dans l’entre-deux guerres pour le compte d’artistes, chanteurs
et chanteuses dont tous n’ont pas laissé, il est vrai, une grande trace
dans l’histoire de la musique du XXéme siècle. Moi, je m’ennuie
est un texte qui fut originellement écrit pour l’une des stars de la
chanson réaliste: DAMIA. Bien évidemment la musique n’est pas
contemporaine de sa création. Elle était tout autre et curieusement
presque plus gaie que celle que nous avons créée pour soutenir
ce texte désespéré qui semblait si bien coller à
l’observation que nous pouvions faire de comportements de personnes plus ou
moins proches de nous et pourquoi pas nous-mêmes ? Ce texte reflète
un mal de vivre éternel qui dépasse le temps et les crises, qu’elles
soient politiques ou sociales, voire les deux. Nous avons rarement utilisé
de paroles extérieures à l’écriture du groupe. Ce texte
devait sans doute nous parler de façon plus ou moins inconsciente car
il faut bien avouer que nous ne sommes pas à strictement parler très
fans de la chanson française des années vingt ou trente. . Le
prochain album comportera encore une chanson utilisant un texte écrit
à cette époque Je n’attends plus rien , tout un programme
!

TRINITY
: Comment définiriez-vous votre musique ?

Franck
: Lorsque l’on nous pose la question, nous avons toujours tendance à
penser que ceux qui l’écoutent et l’apprécient seraient bien plus
à même de le faire. La meilleure définition serait celle
qui regrouperait tous les courants qui nous influencent, à savoir Batcave,
Pop, Folk, Heavenly Voices, Rock, Electro, Musique baroque et Médiévale…
Le terme générique capable de résumer tout cela n’existe
pas encore. Tout ce que nous faisons est d’écrire librement des chansons
qui évoluent plus ou moins sensiblement d’un genre ou d’un style à
l’autre tout en gardant nous l’espérons une relative unité de
ton et de traitement. Une chose est sûre, OPERA MULTI STEEL ne fait ni
Jazz, ni Hard-Rock ! (entre autres). Qu’on se le dise !


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