Entretien
avec Andrew Gray, membre fondateur de IN CAMERA puis guitariste de THE WOLFGANG
PRESS:

 

Pourriez-vous
nous parler de vos premières expériences musicales( depuis le
début, IN CAMERA, THE WOLFGANG PRESS, et autres collaborations…)?

Andrew
Gray : Eh bien je suppose que je vais commencer par le Billy’s club
à Soho, Londres. Jusque-là IN CAMERA n’avait fait qu’une
poignée de concerts, cette nuit-là nous avons joué, le
concert s’est bien déroulé, et plus tard dans la nuit, il
s’est trouvé que Jeff Wilmott notre batteur, a parlé à
Jock Mc Donald le promoteur au Billy’s club et il a dit avoir aimé
le concert et a demandé si nous étions intéressés
pour faire la première partie de BAUHAUS. Environ un mois plus tard,
nous jouions de nouveau au Billy’s club, je me souviens qu’il y
avait beaucoup de monde et qu’il faisait très chaud car BAUHAUS
avait bonne presse depuis les derniers mois. Le concert s’est super bien
déroulé, alors que nous sortions de scène, Peter Kent est
venu à ma rencontre, il a dit être pour moitié dans une
nouvelle compagnie de disques nommée 4AD et qu’ils aimeraient nous
faire signer sur ce label. J’ai rencontré Ivo et Peter, j’ai
aimé ce qu’ils avaient à dire sur la musique New Wave à
cette période, et la façon dont ils voyaient 4AD se développer
en tant que label dans le futur. Puis arriva le single « DIE LAUGHING »,
puis le e.p. de quatre chansons enregistré au studio Blackwing (ndlr : »IV
SONGS ») et « FIN » le dernier enregistrement pour la John Peel
session de 1980. A cette époque nous jouions dans Londres et périphérie
avec d’autres groupes de 4AD comme THE BIRTHDAY PARTY, MODERN ENGLISH,
MASS. C’est de cette façon que j’ai rencontré Mick
et Mark vu que nous avons fait pas mal de concerts ensemble. Après le
single et les deux EP, 4AD voulait qu’on fasse un album, nous ne nous
sentions pas prêts à faire un album à cette époque,
mais à posteriori je pense qu’on avait tort et que ça nous
aurait permis de devenir un groupe et alors peut-être qu’on serait
resté ensemble. Vers la fin de 1980, IN CAMERA éclata. Après
la dissolution de IN CAMERA, j’ai travaillé en solo pendant un
temps, puis j’ai reçu un coup de fil de Mick et Mark disant qu’ils
avaient formé un nouveau groupe nommé THE WOLFGANG PRESS et qu’ils
étaient en studio pour 4AD afin d’enregistrer un album qui devint
« THE BURDEN OF MULES ». J’ai seulement participé à
la moitié de l’album et à cette époque, je n’étais
pas un membre à part entière du groupe. Après la sortie
de l’album, une tournée a été organisée avec
les X MAL DEUTSCHLAND, ce qui ne réjouissait aucun de nous trois. C’est
à ce moment-là que j’ai pris la décision de ne plus
faire de musique pour un temps. Mick et Mark ont continué, ils ont fait
une tournée dans le Royaume-Uni avec les COCTEAU TWINS, puis ils ont
enregistré le premier e.p. « SCARECROW ». Puis 4AD leur a demandé
un second e.p. et une tournée en Europe avec les COCTEAU TWINS. Mick
et Mark m’ont recontacté pour les aider lors de l’enregistrement
et de la tournée, ils avaient l’impression que ma présence
au sein du groupe était nécessaire pour que le groupe soit complet.
La tournée s’est très bien passée. Ainsi, depuis
ce point, THE WOLFGANG PRESS est devenu un véritable groupe.

Comment
s’est arrêté WOLFGANG PRESS et pourquoi ?

Après
l’enregistrement de « FUNKY LITTLE DEMONS », un album très
dur à faire, Mark a décidé de quitter le groupe. Mick et
moi pensions qu’on devait continuer la promotion ainsi que porter l’album
en tournée. Nous avons travaillé très dur à donner
des interviews, aller à la radio, et à tourner en Europe et aux
Etats-Unis, ainsi que les quatre musiciens supplémentaires pour les concerts.
C’était donc un gros spectacle à gérer et à
faire tourner. Une bonne partie des concerts se sont bien déroulés,
dont ceux aux Etats-Unis, représentant la dernière ligne droite,
mais à cette époque des rumeurs circulaient comme quoi Warner
Bros ne voulait pas renouveler certains contrats avec 4AD. Ce qui est marrant
c’est que THE WOLFGANG PRESS s’affirmait aux Etats-Unis, je crois
que la reconnaissance dont on a bénéficiée là-bas
fut plus importante que n’importe où ailleurs.

La
tournée s’est achevée au mois de mai 96. Je suis resté
aux Etats-Unis alors que Mick et le reste du groupe a regagné l’Angleterre.
La compagne de Mick venait d’avoir leur second enfant et je venais de
rencontrer ma future femme, alors je suis resté à Los Angeles
les six mois suivants. Mick et moi sommes restés en contact par téléphone
et nous travaillions tous deux sur de nouveaux morceaux depuis nos maisons.
Là-bas, je suis allé dans les bureaux de 4AD où j’ai
rencontré Robin Hurley avec lequel je me suis entretenu des projets pour
THE WOLFGANG PRESS, il semblait très positif sur notre futur avec 4AD
et Warner Bros.

Environ
trois mois après la tournée, j’ai reçu un coup de
fil de Ivo et Robin qui disaient vouloir me rencontrer, j’y suis allé
et c’est là qu’on m’a dit: « qu’ils avaient
le sentiment que Warner Bros avait emmené THE WOLFGANG PRESS aussi loin
que possible et qu’ils mettaient un terme à notre contrat. Que
4AD ne pouvait continuer avec le groupe sans le support financier de Warner
Bros et qu’ils devaient nous laisser partir ».

Ca
a été un grand choc pour Mick et moi, alors nous avons décidé
que nous chercherions un nouveau contrat quand je serai rentré en Angleterre.
Six mois ont passé et, revenus en Angleterre, Mick et moi avons travaillé
de nouvelles chansons puisque les six derniers mois nous avions produit de la
matière. Nous travaillions depuis mon petit home studio dans l’est
de Londres, développant les morceaux. On n’a pas cessé de
travailler pendant une année au bout de laquelle nous avions sept chansons.
Nous étions décidés à faire des copies, des démos,
on a arrangé des rencontres avec des labels et des producteurs, mais
les temps avaient changé, la « brit pop » avait connu un super
essor en Angleterre et aux Etats-Unis, il nous était très difficile
de nous placer et les rencontres avec les compagnies n’ont pas abouti.

On
a continué pendant 5 ou 6 mois, mais Mick avait beaucoup à faire
avec sa famille et ne pouvait se libérer que deux jours par semaine pour
venir à mon studio, ce qui rendait le processus d’écriture
beaucoup plus lent.

Une
après-midi on s’est assis et on a parlé de notre futur possible
avec le WOLFGANG PRESS. Il nous semblait que ce serait très dur avec
un temps aussi limité pour l’écriture en n’ayant pas
de soutien. Nous avons décidé de le nommer THE WOLFGANG PRESS-R.I.P.

Quel
regard portez-vous sur cette période ? Et sur la totalité du travail
de THE WOLFGANG PRESS ?

Je
crois qu’en tant que groupe nous avions un contrôle créatif
sur notre musique, photos et vidéos, et que cela ne peut être une
mauvaise chose. Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir faire ce que l’on
a voulu pendant onze ans ainsi que d’avoir le soutien de 4AD. Nous avons
fait des tournées et rencontré les gens importants à nos
yeux, les fans qui achetaient nos disques et qui venaient à nos concerts,
ça c’était le mieux!

Nous
avons aussi fait de bons albums, conservé nos racines punk qui font qu’on
s’acharne et qu’on est des individus, qu’on ne se répète
pas. C’est pour cela qu’on a toujours essayé de changer sur
chaque album qu’on a enregistré pour ne pas refaire le même
album encore et encore, pour être stimulé par chaque nouvel album,
se remodeler pour définir un nouveau groupe et un nouveau son mais garder
ce sceau WOLFGANG PRESS qui marque notre musique.

Avez-vous
des nouvelles des autres membres du groupe(Mick Allen et Mark Cox)? Sont-ils
toujours dans la musique?

Je
ne vois pas trop Mick en ce moment parce qu’il vit au sud de Londres et
que je suis dans l’est, mais il a travaillé sur quelques morceaux
avec moi pour le projet LIMEHOUSE OUTLAW. Il a écrit de très bonnes
paroles pour deux des morceaux et m’a aidé avec l’arrangement
d’une des chansons.

Mark
je ne sais pas trop s’il fait toujours de la musique puisqu’on s’est
quittés en mauvais termes et que nous ne nous sommes pas reparlé
depuis.

Y
a-t-il une chance de voir une nouvelle édition (cd/vinyl) de « BURDEN
OF MULES » et des maxi-ep’s tirés de l’époque
de « BIRWOOD CAGE »-« QUEER »?

Je
suis désolé de dire que ça dépend de 4AD, mais je
ne crois pas et ce, quelle qu’en soit la forme.


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