De bien étranges personnes

Voici les portraits cryptés de trois
des membres d’Opera Multi Steel, saurez-vous reconnaître qui se
cache derrière les mots.

Portrait 1

Sur les bords de la Petite Sauldre

Un lapin flânait.

Humant un frais parfum de violette

Il s’approcha.

Des gens s’activaient à la préparation
d’un feu d’artifice.

Hélas, l’artificier s’était brisé le
carpe

Qu’un médecin-sorcier échappé du
Moyen Age

Avait bandé de coton frais.

Le lapin eut soudain une intuition:

S’il restait dans les parages,

Ils auraient bientôt raison de son
pelage.

Il se hâta à la recherche d’un coin

D’intimité et de solitude.

Quel sens donner à ma vie? se
lamentait-il.

Il avisa alors plus loin sur la rive

Un homme du nom de Roland Cat

Se reposant sur une plaque tombale
moussue, un psaltérion à ses côtés.

Roland vit le lapin

Qui se laissa approcher, saisi
d’admiration.

« Voilà ce qui me manquait »,
s’exclama le peintre.

Et il se mit à l’ouvrage.

Quelques heures plus tard, « L’Etang »
était achevé.

On pouvait distinguer dans un recoin de
la toile un minuscule lapin endormi.

« Bien, à présent, nous pouvons
y aller.

Que dirais-tu d’aller regarder
« Brazil »? lança-t-il au lagomorphe

Avant de l’installer sur le siège
passager de sa voiture.

« Sometimes » de James
s’élevait de l’autoradio.

Puis le lapin sombra sous les caresses
de son nouvel ami.

Portrait 2

« C’est assez! Jamais plus je ne
jouerai sur ce clavecin délabré », s’emporta le prince,
rageur.

Le chat haussa un sourcil puis se
rendormit sur son coussin de brocard écoutant distraitement la pluie
qui battait les vitres du château de Pierrefonds.

Le seigneur se retira dans son salon
tendu de satin noir. Il contempla la Briar Rose Série de Burne Jones
qu’il avait acquise récemment. « Du plus bel effet », se
dit-il. Un sentiment d’intense mélancolie l’envahit. La main tendue
sur un crâne dépoli, il songeait à l’impermanence des êtres et
des choses. C’est alors qu’un parfum qu’il ne reconnaissait que trop
bien lui parvint. Il se rendit dans la chambre verte. Elle était là,
La Gradisca tout droit sortie d’Amarcord par la magie de l’ubiquité
transhistorique. « Puisque c’est ainsi », dit-il tendant
la main vers elle…

Portrait 3

Il venait de dérober Le Cri de Munch.
Il n’en revenait toujours pas. Le mélodica avait fait son oeuvre et
envoûté les gardiens.  On pouvait bien le poursuivre, on ne le
trouverait jamais , se disait-il en sifflotant « Avec le
temps ». Son costume de satin avait quelque peu souffert durant
l’opération et il s’était fracturé une côte. Du sang tiède
s’écoulait de son arcade gauche et lui emplissait la bouche. Mais
qu’importe! Il l’avait enfin! Son sixième sens lui avait à nouveau
sauvé la mise.

Poussant la pierre qui fermait l’entrée
de sa grotte, il salua son fidèle poisson noir aux yeux globuleux
qui somnolait dans son bocal. Après avoir allumé des résines
d’encens et de musc, il s’abandonna à la prière, non sans avoir
caressé la toile qui était devenue sienne. Sa douceur le surprit.
Il s’évanouit dans les nuages odorants sur une pierre noire de
météorite


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