Coldwave, culte & intemporalité à l’Epicentre.

Une date qui restera gravée dans bien des mémoires que ce 28 mai 2011. De 20h à 3h un
infini de sonorités tour à tour cold, synthétique, post-punk ou new-wave.

Après des balances rapides l’après-midi, sous un ciel enfin redevenu gris, hommage discret aux sons froids à venir dans la nuit, tout était en place pour les irradiations musicales du soir.

Alors qu’Alain S. (Martin Dupont) commence son DJ set sur d’élégantes sélections faisant la part belle aux sons des 00’s (Helium Vola, le dernier Gang Of Four…) tout en incluant (à notre requête) quelques unes de ses propres compositions issues des trois albums de Martin Dupont; la salle commence à se remplir petit à petit d’un public plutôt noiraud et typé.

Venus du Canada, d’Allemagne, d’Angleterre, du Brésil… de tous les coins de l’Hexagone: un contingent solide de Finistériens et de Bretons, des Parisiens, Lyonnais, Caennais… Bref
une majorité ayant fait des kilomètres pour assister à l’événement, ce qui en disait long sur l’attente.

Vers 21h30, Guerre Froide prend place sur scène sur des images puissantes d'”Anéantissement” (le titre contenu sur la compilation de soutien au Japon “Electro For Japan”, téléchargeable ici). Pendant tout le set, dix huit titres au total, l’émotion et la tension ne feront que monter au fur et à mesure.

Le troublant “Sauvages” (“Le génie des hommes qui attise tous les maux…”), le décollage du concert sur “Saint-Ex” et ensuite un vol froid et continu avec des sommets et dépressions “Des Illusions”, “Identité Variable” et sa rythmique curesque plombée, “Nom”, l’amère danse de “L’expérience” (“Fossoyeur de l’insouciance, des souvenirs de ton enfance….”)… Titres extraits des deux albums “Angoisses et divertissement” et “Abrutir les masses” se succèdent avec la même urgente efficacité, basse et guitare minimales et à l’os rampent, la voix d’Yves scandant avec lucidité caustique et frisson pessimiste, particulièrement en verve et communicatif. A l’annonce d’une nouvelle chanson, le public s’enflamme et c’est le duo infernal “Demain-Berlin”
“Ersatz” qui nous est offert, le public connaît les paroles et hurle les refrains.

Un ultime titre “Hommage à Remorquage” (sic) puis le final incendiaire: deux reprises de Joy Division (“Shadowplay” et “New Dawn Fades”) avant d’arpenter une dernière fois les rues de “Demain Berlin”. Yves finissant par rejoindre la danse gesticulante des premiers rangs du public. Intense, sobre et émotionnel dans toutes les nuances du gris coldwave. Irradiant!

Reprise du DJ set, nappes feutrées et parfois groovy. Une playlist (ndlr : bientôt en ligne dans
la rubrique « soirées »…) qui manifeste les couleurs variées de l’univers de Martin Dupont, un goût pour les productions sonores soignées et les rythmes ouvragés. Arc temporel entre synth-wave d’hier et minimal wave d’aujourd’hui. Beaucoup de rencontres et de discussions
au terme de cette séquence intercalée entre les deux concerts, on sent une envie de plus en plus prégnante de reprendre le chemin des studios pour Martin Dupont.

Le silence et l’obscurité se font, la fumée opacifie la scène, premières notes de « Laudamus Te », prélude idéal au concert d’Opera Multi Steel. Encensoir fumant brandi par Patrick, petites bougies-lanternes offertes au public, le ton est donné. La projection d’images dominée par la thématique médiévale va agir tout au long du concert comme un philtre imaginaire. Particulièrement bien conçue, la playlist démarre sur des titres du nouvel album « La Légende
Dorée », de véritables joyaux se détachent, peut-être encore plus que sur disque. « Karma sous trame » sommet Multi Steelien avec ses textes à couper le(s) sens, sa basse cold à la Cure, ses claviers miroitants et ses méli-mélos de voix. « NS/ND » ou « Fureur en Asie » s’imposent également sur scène ; au final seul « Le Cachot » semble parfois un peu hystérique-erratique.

Nous offrant la même setlist que lors des concerts au Brésil, soit près de 2h15 de musique, Opera Multi Steel va nous faire voyager dans sa vaste discographie. Après le dernier album,
retour aux origines et voyage dans le temps ! Le public remuant et chantant ne cesse de réclamer qui des « Massabielle », qui des « Empire » (« en mieux… » dira le chanteur), mais place d’abord à « Stella Obscura » (1992) dont seront extraits : le sublime « Benedictus » surplombé par la voix intacte et funambulesque de Patrick et la pop-wave twistée de « Les Martyrs » toujours aussi tonitruante ode au trémoussement.

« Histoires de France » (1996) l’album du retour édité à l’époque sur le label brésilien Museum Obscuro (ndlr : très bientôt réédité avec moult bonus par Infrastition) est ensuite à l’honneur. Implacable « Regrets qui s’écaillent », suivi des outrances obliques de plusieurs titres du même opus : « Un Cri »…, « Des saints et des miracles » (« La cafetière a des seins de glace… mon eden, to eden, notre eden et après… »), une partie du public reste un peu àl’écart de ces fantaisies d’un album méconnu et peu distribué en France, quel régal pourtant!

Puis les premières notes de « Jardin Botanique» suivies de rugissements et de claquements de mains dans la salle. Dès lors, la dernière heure du concert est une osmose hallucinée entre
spectateurs chantant ou muets pris dans les mélodies minimales de la période « Cathédrale » (1984-85) et un groupe touché par la Grâce. S’enchaînent « Du son des cloches » et le sépulcral et ultra mélancolique « Un Froid Seul » (sa rythmique très Talking Heads « Listening wind ») enrichi de sons de cloches. Hystérie collective sur « Massabielle » maîtrisé sur le bout des doigts par une bonne partie du public. Casiotone, mélodica et flûtes sur tapis de rythmiques, orgues euphorisants, la magie opère ! Les classiques du premier album sont plus efficaces que jamais, l’épique « Franz est mort » et enfin le monumental « Cathédrale » scandé conjointement avec le public, grand moment d’orientalisme minimaliste

Rappel pour connaisseurs avec deux titres ultra rares : « Eternelle tourmente » et « Le landau effaré » issus de cassettes des 80’s et un final « Un artfatal », adieu vespéral à un Epicentre illuminé.

Il est tard et quelques titres mixés vont nous porter vers le coeur de la nuit, un soir singulier, des moments magiques.

+++merci+++ aux musiciens, au public, aux bénévoles, techniciens et à la salle pour avoir permis à ce concert d’exister.

Catégories : Concerts

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