Si le label Equilibrium fait aujourd’hui figure de tête de proue de la scène dark lusitanienne, Dwelling en fut dès les débuts l’un des fleurons, nous les avions interviewé en 2004, peu après la parution de leur album « Humana », depuis un second opus est paru. Un groupe subtil et sensible à découvrir pour savourer des ondes sonores nimbées de clarté et de vacillantes senteurs océaniques.

 

Pourriez-vous nous parler des débuts de l’histoire de Dwelling? ( Groupes précédents, le style musical que vous écoutiez à ce moment-là..)

Dwelling a commencé avec l’intention de créer de la musique sur des instruments acoustiques. En 2000, j’ai invité Helder Dias à m’aider dans l’écriture de lignes de guitare pour un projet et il est devenu parfaitement clair que nous allions devoir faire appel à plus de musiciens pour créer le genre de musique auquel nous aspirions, alors nous avons invité Catarina Raposo au chant, Jaime Ferreira à la basse et Silvia Freitas au violon. Tous les musiciens rassemblés ont des parcours différents, couvrant à peu près tous les genres en matière de goût, certains avec un enseignement classique, d’autres avec un entraînement rock et métal. C’est la formation qui enregistra « Moments » qui sortit en septembre 2001. Vers la fin de 2002, après toute une série de concerts pour promouvoir cet album et les préparations pour une nouvelle séance d’enregistrement, Helder a quitté le groupe et a été remplacé par Nicholas Ratcliffe. « Humana » a été enregistré cet hiver et est sorti le 6 octobre chez Equilibrium Music.

Pour un auditeur français votre musique est souvent liée à l’esprit « Saudade » lusitanien, êtes-vous conscients de ce sentiment profondément portugais qui entoure votre travail ?

Oui, nous en sommes tout à fait conscients, et c’est plutôt intentionnel. Bien que nous ne soyions pas un ensemble traditionnel, l’inspiration nous vient souvent du Fado, un style de musique traditionnel portugais. Le Fado est très expressif et a sa propre façon de communiquer les émotions sous une forme très dramatique. « Saudade »(une triste nostalgie, quelqu’un nous manque profondément) est souvent associé au Fado et est considéré comme une disposition d’esprit national
parce que les Portugais ont tendance à ressentir de la nostalgie en songeant à des fables contant de meilleurs jours dans le passé.

La musique de Dwelling est essentiellement acoustique, comme de la musique classique traditionnelle, quel genre de personne écoute votre musique (des gothiques , des darks, des amoureux de folk…) ?

Jusqu’à maintenant, nous avons eu de bons retours provenant de tous types de gens, peut-être parce que le concept musical est plutôt ouvert. Néanmoins, je dois dire que la plupart des gens qui sont réellement intéressés et suivent notre travail, sont d’une certaine façon impliqués dans la culture dark peut-être parce qu’il existe un lien entre la musique classique et les genres dark.

Prévoyez-vous de nouvelles explorations musicales dans le futur: un ensemble néo-classique, rock-folk, électronique…. ?

Je doute sérieusement que Dwelling fera jamais ces changements drastiques dans son esthétique car le concept de base était de se servir d’instruments acoustiques pour faire de la musique. Si ce concept devait nécessiter ce genre de redéfinition, alors Dwelling cesserait et quelque chose d’autre commencerait.
Maintenant, nous essayons d’améliorer nos compositions, toujours basées sur de la musique classique avec des influences Jazz, Bossa Nova, Fado, Métal ou n’importe quoi qui traverse notre esprit à ce moment-là. Alors je pense qu’il est juste de dire que dans le temps, nous devrions évoluer dans notre propre esthétique et que nous doutons sérieusement que quelque changement drastique que ce soit survienne.

En dehors des groupes cultes comme Sétima Legiao, les premiers Diva ou les projets parallèles de Madredeus (L’ensemble Vox…), le Portugal reste méconnu pour la plupart des français. Pourriez-vous nous parler de la scène musicale de votre pays; dans le passé (l’aire new-wave…) et maintenant( dark-folk, électro….) ?

La scène musicale n’a pas été très active par le passé. En dehors des groupes que vous avez mentionnés, et peut-être quelques autres comme Radio Macau, V Império et Rodrigo Leao, la scène portugaise dépend entièrement de l’import.
Ces dernières années il y a eu plus d’activité avec des groupes tels que Moonspell, Aenima mais il n’y a pas de réelle production en dehors de ces quelques résistants.


Au cours de vacances dans votre pays, j’ai découvert qu’il y avait un bon suivi pour des groupes comme Durutti Column, Echo and the Bunnymen, Collection d’Arnell-Andrea, et même Cindytalk, Diamanta Galas ou Gene Loves Jezebel.Comment la musique dark, industrielle, wave et indépendante existe au Portugal, y a-t-il une bonne radio, magasin de disques, service de commande à distance, fanzine et salle de concert ?

Je crois qu’au Portugal les notions d’underground et d’alternatif prennent leur véritable signification. En dehors de plusieurs magasins spécialisés tel que le label Equilibrium Music et quelques autres, il est vraiment difficile de trouver la plupart de ces groupes. Bien entendu vous pouvez trouver assez facilement tous les disques de Mute ou de 4AD, mais la majorité des labels alternatifs sont très peu représentés ici parce qu’il y a peu de publications, et avec l’exception du Métal, aucun d’entre eux n’est professionnel. Heureusement, le peu d’individus qui aime ce genre de musique, s’implique vraiment et organise des spectacles, accueille des émissions de radio etc…mais cela ne représente qu’une petite proportion.

Quel accueil « Moments » a-t-il eu ?

Je suppose qu’on peut dire que « Moments » a été bien apprécié par une grande partie de la presse qui y a eu accès, particulièrement en France. Le disque s’ est vendu à 1000 exemplaires en moins d’un an, ce qui était plutôt bon pour une première sortie, pas seulement pour le groupe, mais aussi pour le label. Donc je pense que l’accueil a été plutôt bon et même au delà de nos attentes initiales.

Quels sont vos prochains projets(concerts,disques…) ?

En ce moment nous faisons la promotion de notre dernière sortie, dont le nom est « Humana », sortit le 6 octobre 2003. En dehors de la fête pour la sortie qui a eu lieu le 11 octobre, nous avons fait plusieurs spectacles, certains se déroulaient dans des magasins fnac au Portugal, et nous en prévoyons encore quelques uns pour les mois à venir.
Puisque nous venons de sortir cet album, je suis certain qu’il ne devrait y avoir d’autre Dwelling avant début 2005, alors il est un peu tôt pour parler de ce qui va se passer en terme de disque.

Entretien réalisé début 2004.

Photographie Rita Mota.


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